Voyager à vélo, j’adore. Le rythme nous permet d’avancer, de découvrir, de traverser tout en s’acclimatant progressivement aux différents pays, régions, cultures. On arrive lentement, on devine la ville, on imagine ce qui se trame derrière la montagne. Si les trains, bateaux et bus que nous avons pris nous ont facilité la vie, l’avion Istanbul-Séoul et le survol de quasiment toute l’Asie nous a propulsés dans une toute autre dimension. La ville est gigantesque. La technologie omniprésente, les publicités géantes, les immeubles illuminés et autres gratte-ciels nous happent complètement.

Tout est grand ; j’ai l’impression de flotter.


En même temps, une occupation intense, des espaces exploités au maximum, des pièces minuscules, petits restos, magasins débordants, chaque mètre carré est occupé. A l’instar des serres artificielles dans les espaces perdus des couloirs du métro ou encore de notre studio de 40 m², une pièce pour nous 5, sous les toits cuisants et les vibes des boîtes de nuit environnantes qui résonnent toutes les nuits. Nous n’avons pas l’habitude.

Tout est promiscuité ; et sous le coup du décalage horaire, j’ai l’impression d’étouffer.


Nous nous imprégnons de l’ambiance de la ville. D’un métro à l’autre, toujours bien rangés, organisés, connectés. Il n’y a plus de pause, en marchant, en montant, descendant les escaliers, les smartphones sont une continuité de la main. Les feux de signalisation sont dédoublés à même le sol, plus besoin de lever la tête et de quitter son écran pour traverser. Les messages publics sont adressés sous forme de gaming, de personnages virtuels à tête ronde, grands yeux et oreilles pointues.

Tout est électronisé ; j'ai l'impression d'être hors-jeu.


Nous passons ces 4 jours dans notre bulle, très peu de contact, l’une ou l’autre bribe de conversation mais les « Merhaba » turcs continus semblent loin. Le silence dans les espaces et transports publics est de mise. Ce qui contraste avec notre tribu, composée à 60 %, d’éléments en mouvement perpétuel et relativement bruyants. Nous dénotons et serons même priés de nous taire dans un bus. Intéressant, espérons que ça laisse des traces !


La ville et ses contrastes nous fascinent bien entendu et nos yeux ne savent où se poser. Nous visitons (en coréen !) de magnifiques palais impériaux et leurs vastes jardins secrets, nichés en plein centre-ville où règnent quiétude et espaces aérés. Nous sommes projetés au cœur de la dynastie Joseon et ses merveilles, baladés entre les invasions chinoises et japonaises. Nous rebasculons et observons la ville du haut d’une tour géante. Les enfants ne savent plus où mettre la tête (nous non plus).


Nos papilles vivent à leur tour un bonheur intense et se régalent de gimbaps, dumplings et autres nouilles sautées en tout genre. Un vrai délice.


Puis vient le jour du départ, lundi matin, le décalage horaire est derrière et Matthieu rétabli de sa fièvre gastroentérite. Après l’Italie, la Grèce et la Turquie, une nouvelle ère s’ouvre pour les cyclistes que nous sommes. La sortie de la ville est une voie royale, les pistes cyclables s’entremêlent, des tunnels sous les boulevards urbains réservés aux cyclistes, des ronds-points pour organiser les croisements des pistes, des ascenseurs, rampes et aménagements en veux-tu en voilà. Vive la connectivité;) De quoi impressionner tous nos voisins du Nord. Le must, après avoir quitté les faubourgs : la piste nous mènera dans plusieurs tunnels cyclistes percés dans la roche, rien que pour nous, les deux-roues, du jamais vu. Les enfants adorent et c’est un vrai bonheur de les laisser filer sans aucun stress. Les contacts se créent petit-à-petit, les sourires s'installent et les échanges sont plus fréquents.


L’itinéraire est jalonné de camp-sites publics, avec toilettes, douches, eau potable et … wifi gratuit. Ils vont jusqu’à les équiper de boîtiers à spray répulsifs pour insectes à l’entrée du site. L’aire de tri et son rigoureux respect est une véritable merveille – chacun ses petits plaisirs... Tout semble parfaitement anticipé et maîtrisé, quel luxe. C'en est presque louche !?


Cet après-midi, rendez-vous pour quelques jours dans le prochain woofing, quasiment sur notre route, je suis très curieuse. On pédalera après !


Céline