Déjà presque deux mois de voyage et tant de vécu.


Les derniers jours italiens ont été rythmés par une semaine de Wwoofing à la ferme Masseria Atipica, tenue par Myriam et Benjamin, et leurs deux enfants, Umbra et Joseph. Un moment de pose et pause dans un cadre enchanteur. Un petit coin de paradis. Un peu de travail certes, mais rien d’exagéré. On a paillé l’enclos des oies, désherbé par ici, planté par là. On a aidé à l’accueil du banquet d’une trentaine de personnes venues fêter un anniversaire (l’une des activités de la ferme).


Myriam et Ben sont extras, le courant est passé tranquillou et les enfants se sont bien amusés entre eux aussi. Bref, c’est avec une pointe de regret que nous les avons quittés, d’autant plus que le ciel ce jour-là était franchement maussade. Mais l’appel de la route est puissant ! Nous n’avons pas échappé à la pluie sur notre chemin vers Bari, mais c’est surtout les vents contraires et tempétueux qui ont failli avoir raison de nous (surtout de Marius qui n’aime pas le vent de face !). 40 km de descente jusqu’à Bari, de la couque qu’on disait... Ouais, tu parles ! Sans doute la route la plus harassante jusqu’ici.


Arrivés à Bari, nous avons fait le lendemain un crochet d’un jour en bus jusqu’à Matera, ville troglodyte dans la région plus centrale de la Basilicate. Matera, c’est juste dingue ! Une ville enchevêtrée au bord d’un ravin de roche calcaire, le « tuf ». Les quartiers des « sassis », tout de tuf construits, sont homogènes et pourtant toujours surprenants, grimpants les uns sur les autres, épousant la forme naturelle de la montagne. Se perdre dans les ruelles intemporelles de cette ville éblouissante est un délice sans fin. Et pourtant c’était le théâtre d’une misère paysanne immense dans l’entre-deux-guerres, mise en lumière à travers le roman autobiographique de Carlo Levi, Le Christ s’est arrêté à Eboli. Mais les temps ont changé, tout comme le Christ, puisqu’il a depuis foulé le sol de la ville avec Pasolini ou Mel Gibson. Même James Bond n’y a pas pu attendre de mourir ! Un détour qui en valait grandement la peine.


Vient alors l’heure des premiers adieux. Ciao Italia. Les pizzas, macaronis, spaghettis et tutti quanti ! On quitte Bari, la ville où reposent les reliques de Saint-Nicolas (si si !), pour rejoindre la Grèce. Passer à vélo dans un port reste une expérience hors-cadre, entre grues, containers et camions. Sous le soleil se couchant dans une mer rougeoyante, nous quittons la botte. La nuit est agitée. Pas sur les flots, mais bien dans la cabine. Rosalie est malade. Ca se passe mal dans le ventre. Une gastro, sans aucun doute. Céline et moi n’avons pas fermé l’œil de la nuit. C’est avec le regard cerné que nous abordons les côtes hellènes et plongeons les bras ballant dans le premier boui-boui d’Igoumenitsa.


Heureusement, comme disait Vincent, après la pluie le beau temps ! Une journée de farniente dans la cité portuaire d’Igoumenitsa, le temps de se remettre d’aplomb, et nous voilà repartis sur nos bécanes pour affronter les montagnes du littoral grec. Et nous ne serons pas déçus ! Certes nos mollets en prennent un sacré coup (on dirait davantage des montagnes russes) mais le spectacle en vaut la chandelle. Des panoramas à couper le souffle. Criques, mer azur, villages côtiers colorés, chèvres, brebis, et surtout peu de voitures. Le coup de foudre ! Le cyclisme y est plus sportif mais la beauté des paysages grise nos ardeurs et nous donne des ailes (ou serait-ce grâce au retsina ?)…


Matthieu